Athletissima x lematin.ch

La vidéo de son 200 m en 2019 à Athletissima figure en exergue sur son compte Twitter et a été vue près d’un demi-million de fois. Noah Lyles avait enflammé la Pontaise, au cœur d’une soirée parfaite, en devenant alors le 4e sprinter de tous les temps sur la distance, en 19’’50. Depuis, l’Américain a pris encore une nouvelle dimension avec son deuxième titre mondial le mois dernier à Eugene (USA), en 19’’31, à seulement 0’’12 du record du monde de Bolt, alias « l’Eclair». Et un centième plus vite que les 19’’32 de Michael Johnson en 1996, qui avaient constitué le record du monde pendant douze ans.

«Noah Lyles, c’est le LeBron James ou le Kobe Bryant de l’athlétisme», a écrit l’immense basketteur Earvin Magic Johnson juste après la démonstration de son compatriote à Eugene. L’hommage est de taille, car un champion de la trempe de «Magic» Johnson n’est pas du genre à abuser des superlatifs.

Depuis son premier titre mondial en 2019 et sa médaille de bronze aux JO de Tokyo l’an dernier, où il avait sangloté pendant une quinzaine de minutes après la finale, pris dans un tourbillon d’émotions, Lyles dit avoir beaucoup appris sur lui-même et trouvé la sérénité. Il s’était beaucoup épanché ces deux ou trois dernières années sur ses problèmes de santé dans son enfance (asthme), sur l’anxiété et les tourments qui l’ont conduit à prendre des antidépresseurs alors qu’il venait d’atteindre le top niveau.

Chambreur

Volontiers chambreur et showman, adepte parfois du «trash talk» chers à certains sprinters américains des générations précédentes, Noah Lyles s’impose de plus en plus sur tous les terrains et monte rapidement en notoriété. Peut-il battre le record d’Usain Bolt ? «Pas forcément, on a vite tendance à s’emballer après un exploit et à penser que les records vont suivre. Cela dit, il en a le potentiel», estime l’entraîneur à succès et membre du staff d’Athletissima Laurent Meuwly. On se souvient par exemple que le Jamaïcain Yohan Blake n’a pas pu confirmer son formidable chrono de 19’’26, le deuxième de tous les temps, réalisé à Bruxelles en 2011.

Quoi qu’il en soit, si le record devait tomber, pas exclu que ce soit un jour ou l’autre à Athletissima. Le virage de la Pontaise, ni trop large ni surtout trop serré, est un régal pour les coureurs de 200 m. Lyles y retrouvera cette année ses compatriotes Erriyon Knighton et Kenny Bednarek, les deux hommes qui l’avaient entouré sur le podium des Mondiaux (3e et 2e respectivement).